Eden Hazard : "On va voir maintenant si je suis un grand joueur"
Le Diable est bien conscient qu’il sera attendu pour cette Coupe du Monde.
- Publié le 20-06-2018 à 22h09
- Mis à jour le 20-06-2018 à 22h56
Eden Hazard est bien conscient qu’il sera attendu pour cette Coupe du Monde "Il y a même du champagne ? Je peux avoir une petite coupe ?" Pas de doute, Eden Hazard était en forme au moment de se présenter dans l’immense tente dressée par la Fédération pour accueillir l’ensemble de la presse au Moscow Country Club, l’hôtel pris d’assaut par l’équipe nationale depuis huit jours. Il ne donnait pas l’impression d’être certainement le joueur le plus attendu par tout un pays, bien conscient que c’est de ses pieds que la différence doit venir.
Eden, avez-vous l’impression, comme nous, que cette Coupe du Monde doit être la vôtre ?
"J’ai aussi ce sentiment. J’ai vingt-sept ans, je dispute mon deuxième Mondial et je sors d’une belle saison sur le plan individuel. Tous les éléments sont donc réunis pour que je fasse quelque chose de bien pendant ce tournoi."
Ces dernières années, les vainqueurs de tournois internationaux ont pu compter sur un leader charismatique. Comme le Portugal avec Ronaldo. Pouvez-vous être ce joueur ?
"Je ne sais pas si je suis aussi charismatique que Cristiano Ronaldo (sourire). Je suis un leader, mais je ne suis pas le seul. Et puis, Ronaldo n’a pas gagné l’ Euro tout seul. Autour de lui, il y avait des joueurs costauds et une structure."
Dries Mertens et Thibaut Courtois ont dit qu’ils ne vous avaient jamais vu aussi fort.
"Ils ont dit ça pour me donner de la confiance (rire). Mais je n’étais pas mal aussi à l’ Euro , notamment contre la Hongrie. C’est mon meilleur match avec l’équipe nationale. Ce jour-là, j’ai réussi tout ce que j’ai entrepris. J’ai dribblé, j’ai marqué, j’ai fait des passes. Je vais certainement devoir faire ce genre de match trois ou quatre fois de suite pendant ce Mondial . C’est là qu’on verra si je suis un grand joueur, si je réponds présent quand on a besoin de moi."
Ce Mondial a plus ou moins bien commencé pour vous. Vous êtes impliqué dans les trois buts mais vous n’avez eu qu’un 6 sur 10 dans les journaux. Comprenez-vous cette note ?
"Vous auriez quand même pu mettre un peu plus, vous n’êtes pas gentils (rire). Je n’ai pas souvent porté attention aux cotations car quand tu mets un but ou deux, tu as neuf ou dix sur dix. Je sais quand j’ai fait, ou pas, un bon match."
Vous êtes plus performant avec Roberto Martinez. Est-ce parce que vous entretenez une meilleure relation avec lui ?
"Ma relation avec Marc Wilmots était également exceptionnelle et je pense avoir disputé un très bon Euro 2016 avec lui. Maintenant, il y a quelques considérations tactiques qui ont changé avec le nouveau coach et je suis davantage au milieu du jeu. Je suis aussi plus mature dans mon jeu et j’ai plus d’expérience."
Pouvez-vous faire ce que vous voulez sur le terrain ou avez-vous des consignes tactiques ?
"J’ai toujours fait ce que je voulais, vous le savez bien (il rit). Nous jouons pratiquement avec le système de Chelsea, donc je sais ce que je dois faire sur le terrain. Roberto Martinez et Antonio Conte ont été intelligents, ils m’ont mis dans les meilleures conditions. Le coach veut que je sois libre au moment où nous avons le ballon pour pouvoir rapidement me trouver."
Mais défensivement, vous ne devez plus revenir jusqu’à votre rectangle…
"Je l’ai quand même fait une fois contre le Panama, hein. Nous avons quand même des consignes défensives mais offensivement, c’est plus difficile de dire à un joueur ce qu’il doit faire."
"Tout le monde attend qu'on mette 40 buts"
Eden Hazard relativise complètement les quelques critiques qui ont suivi le match contre le Panama
Planter trois buts et ne pas en encaisser durant un match d’ouverture de Coupe du Monde n’a visiblement pas convaincu tout le monde. Et les joueurs semblent avoir du mal à comprendre ces critiques. "Ceux qui disent que nous aurions dû mettre plus de buts contre le Panama n’ont qu’à venir sur le terrain. Et ils comprendront. Ce n’est pas facile de planter six buts au Panama", dit-il. "Pour un premier match dans un grand tournoi, on s’en fout un peu de la manière. Ce qu’il faut, c’est bien commencer la compétition et nous l’avons fait."
Et il annonce déjà la couleur pour la prochaine rencontre : la Belgique ne va pas détruire la Tunisie. "Il n’y aura aucun match facile et ce sera la même chose contre la Tunisie. Je peux déjà vous dire qu’on ne gagnera pas cette rencontre 6-0 avec cinquante occasions. Pour moi, je signe tout de suite pour un 1-0. Ce sera un adversaire coriace, agressif et qui mettra la pression sur le porteur du ballon. C’est pour cela que nous avons joué contre l’Égypte en préparation."
Une victoire étriquée de la Belgique aurait encore du mal à convaincre une partie de l’opinion publique, certainement peu au courant de la difficulté du football moderne. "Je ne dirais pas qu’on attend trop de nous car nous avons du talent. Mais on connaît les attentes : bien jouer au ballon, avoir 80 % de possession de balle, avoir cinquante tirs et marquer quarante buts. Mais cela ne se passera pas comme ça. Parfois, on va gagner avec un bon vieux 1-0 tout pourri, mais ce qu’il faut, c’est gagner."
"Mon secret pour les blessures : boire de l'eau"
Eden Hazard n’est pas traumatisé par les nombreux tacles qu’il reçoit en match
Roberto Martinez l’a avoué après la rencontre face au Panama : il a peur qu’Eden Hazard se blesse au cours du tournoi tant il est malmené par ses adversaires. Le capitaine est bien conscient d’être devenu une cible pour ses adversaires. "Si demain, nous jouons contre l’Argentine, qui voudrons-nous bloquer selon vous ? Messi. Et si nous affrontons le Portugal ? Ronaldo. J’ai la chance d’être quelqu’un de décisif, qui peut faire la différence. J’accepte que les adversaires m’égratignent un peu plus que les autres tant que cela reste dans l’esprit du jeu. Mais contre l’Égypte, celui qui m’a taclé après une minute voulait juste me faire mal", dit-il. "Même si je prends trois gros tacles en dix minutes du même joueur, je n’aurai pas peur d’aller au duel. Il va m’en donner un mais t’inquiète, au deuxième coup je ferai la différence."
il sait qu’un seul mauvais tacle peut suffire. "Le secret, c’est que je ne pense pas à la blessure. Aussi non, je me serais déjà blessé plus souvent. La saison dernière, je me suis blessé bêtement et cela arrivera encore certainement au cours de ma carrière. Cela fait dix ans que je prends des coups."
Son corps s’est endurci, notamment grâce à son transfert en Angleterre. Mais Eden Hazard a un secret pour se retaper au plus vite. "Boire de l’eau. C’est important de boire de l’eau", sourit-il. "Les coups directs, cela prend un jour ou deux et puis ça disparaît. J’en ai pris un contre le Panama mais ça ira sans problème pour le match de samedi contre la Tunisie."